Lettre d'information - Juillet 2024 | | Je l'avoue, j'ai eu du mal à rédiger la lettre d'information de juillet. Moi qui suis d'un caractère toujours très optimiste, les éléments et les évènements étaient finalement sur le point de me faire douter. Mais il y a quelques jours, le retour de dégustation d'un professionnel outre-Rhin allait me redonner la niaque et m'offrir le sujet de cet éditorial : la quadrature du cercle. | | | | | " Quarrer un cercle consiste à construire un carré ayant la même surface que lui. Cela est tout à fait possible, sauf si l’on tient compte de la contrainte que les savants de l’Antiquité imposaient à cet exercice : il ne fallait utiliser qu’une règle et compas. Le mathématiciens ont mis pas moins de trois millénaires pour démontrer qu’il était insoluble, autrement dit que la réalisation pratique de l’exercice était absolument impossible." Transposons cet énoncé à notre environnement viticole, dans un contexte de réchauffement climatique et d'attentes spécifiques du marché : produire en Languedoc un vin fin et élégant peu alcoolisé. Ajoutons la contrainte : produire un vin biologique. C'est en effet une demande grandissante du marché du vin poussée par des hygiénistes qui souhaitent nous voir manger des graines et nous enivrer avec du vin sans alcool. Une tendance que nous avons pu appréhender à deux reprises ces derniers jours, lors de la dégustation de nos vins par un prospect distributeur en Allemagne et lors de la participation de Sylvie à un "after-work" du laboratoire oenologique Dejean. Il est intéressant de noter qu'un verre de vin de 12cl à 15,5% équivaut à un verre de 10cl à 15%. L'alcool est donc avant tout gênant si le nez le perçoit et que la bouche est brûlante et non pas parce qu'une mention sur l'étiquette indique 15% ou que vous risquez un enivrement précoce au delà des 11% de la Villageoise. Mais voilà , un très grand nombre de consommateurs finaux achètent une étiquette et non le ressenti d'un dégustateur (caviste, sommelier, agent...), qui perd de facto toute sa valeur ajoutée - le conseil - et qui finalement baissera les bras, dépité, face à l'adversité de l'ignorant buveur d'étiquettes. Ne boudons pas notre plaisir pour deux petits centilitres. Néanmois, un grand nombre de vignerons sont forcés de répondre à cette demande pour survivre, c'est ce que l'on appelle la loi du marché. Pour faire des vins peu alcoolisés il faut obtenir ainsi un taux de sucre plus faible : le taux de sucre dans le raisin détermine le pourcentage d'alcool une fois la fermentation terminée , plus le taux de sucre de départ est important, plus le degré d'alcool sera élevé. A ce jour s'offrent aux vignerons trois options : une vendange précoce, l'utilisation d'intrants oenologiques et/ou des procédés industriels de désalcoolisation (osmose inverse, distillation sous vide, Spinning Cone Column...). La contre-partie d'une vendange précoce résulte en une baisse de polyphnénols et d'antocyanes, il faudra alors compenser par la chimie pour obtenir un semblant de qualité équivalente aux vendanges plus tardives. Les intrants oenologiques dans ce domaine sont en cours d'expérimentation quant aux procédés industriels, ils marquent indéniablement la qualité gustative du saint breuvage. Si lors de la cène Jésus avait tendu la coupe remplie de vin désalcoolisé à ses apôtres, les évangiles n'auraient certainement pas contés la même histoire. L’anagramme de la quadrature du cercle était pourtant prémonitoire : calcul rare du détraqué (Etienne Klein). Pour notre part, nous continuerons de décider de la date de vendange en goûtant nos raisins et non pas en suivant l'évolution de la prise de sucre. A deux mois de celles-ci, vous découvrirez la tendance dans cette lettre et nous vous commenterons également l'évolution du millésime 2023 en élevage qui nous demande tant d'efforts...mais qui au final, devrait vous séduire. Il nous reste à vous souhaiter un très bel été, en espérant avoir le plaisir de votre visite et pour reprendre l'expression favorite de nos amis Patrick & Denis, La vie est belle ! Bonne lecture, Christophe & Sylvie | | Evolution du millésime 2024 | | Les trois années de sécheresse consécutives se confirment | | J'écrivais lors de notre lettre d'information du mois de mars que nous devions nous préparer à une nouvelle année de sécheresse. Nous y sommes ! | | | | | Certes, nous enregistrons en cumul deux cent quarante millimètres depuis le premier janvier mais cela est très loin de compenser le manque d'eau des deux dernières années. Alors que nous attaquons la période chaude, les terres sont déjà brûlées. Le ciel est gris mais rien ne tombe. La végétation végéte et ce malgré les apports en foliaire que nous lui avons apporté ainsi que le travail régulier des terres. En revanche, les vignes voisines semblent ne pas souffrir, le feuillage y est vert et abondant, L'herbe a quant à elle été éradiquée depuis de nombreuses années et avec elle certainement la vie des sols. Alors on s'interroge et on s'aperçoit que les vignes en bio souffrent énormément allant même jusqu'à la mortalité des pieds les plus faibles. Depuis nos débuts nous avons opté pour la préservation des caractéristiques de chacun de nos terroirs, avons laissé la matière organique naturelle s'installer, cela ne semble malheureusement plus suffire. Le résultat de la conduite du vignoble par ceux qui travaillent en conventionnel sur des vignes qui seront renouvelées au bout de vingt ans et qui sont perfusées d'éléments extérieurs semble leur donner raison du point de vue pérénité du vignoble à court terme. Est-ce l'orientation que nous avons envie de prendre pour le Clos de Vènes ? Si tel est le sens de l'histoire, nous changerons une nouvelle fois de vie. Certains experts s'orientent vers une préconisation visant à réduire la densité de plantation à l'hectare, passer de 4.000 à 2.500 pieds/ha, voire moins et d'aller au delà de 2,5 mètres entre rangs, autre d'autres termes, arracher un rang sur deux. Nicolas Dutour des Laboratoires Dubernet cite en exemple le vignoble de la Napa qui passe progressivement de 3.000 pieds à 1.800 pieds/ha. L'augmentation de la matière organique est également un enjeu, les modes de tailles un axe de reflexion (merci Marc pour l'article et la reprise du service, enfin !). Au niveau mondial le Languedoc-Roussillon avec près de 230.000 hectares de vignes, se retrouve en seconde position (sur la première marche le vignbole de Castilla-La Mancha avec 500.000 hectares). Notre région fournit environ 5% de la production viticole mondiale. En France, il représente 30% de la superficie totale des vignes. Environ 20% des vins y sont produits en AOC et 57% en IGP. Autant dire que la filière viticole et l'économie de notre région risquent d'être bouleversées : réduire la densité c'est réduire la production sur un modèle qui majoritairement ne tient que sur du volume à bas prix. Fort heureusement nous ne sommes pas sur ce modèle et le glas n'a pas encore sonné sur une grande partie de notre parcellaire dont la moyenne d'âge avoisine les 50 ans. Le bon coté du manque d'eau est que la maladie est inexsistante au stade fermeture de la grappe, le stade où la vigne commence à réduire sa sensibilité aux attaques. Nous devrions avoir comme à l'accoutumée, une vendange très saine. Dans un peu plus d'un mois nous rentrerons la Marsanne, dans deux les premières Syrah, nous y serons très vite et l'enjeu du millésime se jouera une nouvelle fois dans la vinification et l'élevage. | | Le millésime 2023 enfin, se dévoile... | | ...mais il faut oeuvrer ! | | C'est un millésime qui ne se donne pas facilement, il faut être attentif, à l'écoute, savoir être patient, faire preuve de séduction et laisser un peu de fermeté conduire la danse et progressivement, il s'offre à vous. C'est le premier millésime qui nous demande une si grande attention et un travail si important en cours d'élevage. Nous avons sorti quasiment tous les jus des fûts afin de procéder à des aérations, de longues aérations car la réduction commençait à faire son apparition. Nous avons également profité de ce moment pour assembler certains jus de presses au jus de coule, phase que nous faisons habituellement en novembre lors de la préparation des cuvées. En effet, la particulatiré de ce millésime réside sur la belle concentration des presses, concentration qui complète parfaitement la finesse obtenue à partir des coules. Alors nous avons décidé d'anticiper certains mariages. Encore trois mois d'élevage, et le jeu des assemblages finalisera deux ans de travail. | | | | | Encore quelques disponibilités | | 2022 vous le savez a été un millésime généreux en qualité et quantité. Nous avons également saisi l'opportunité de limiter la vente sur le 2022 afin de pouvoir mettre sur le marché, dans quelques années, des flacons de ce millésime. Malgré cela, nous conservons quelques disponibilités à mi-année ce qui était chose rare les années passées. Profitez-en ! | | | | | Hébergement touristique au domaine | | La saison touristique est lancée, nous avons terminé deux aménagements principaux vous offrant encore plus de confort : - Les chambres Le Peyra et La Crose bénéficient de la climatisation - Le jardin d'hiver où traditionnellement nous organisions nos tables d'hôtes est devenu un espace dédié à la relaxation avec sa piscine intérieure. Nous dinerons maintenant dans la salle de reception de la maison qui retrouve sa fonction d'origine. Le planning de réservation est ouvert et disponible en ligne. | | Le nez pour un Vigneron est important, nous sommes tombés sous le charme de l'univers de Marta qui vient de lancer sa marque de bougies parfumées. Nous profitons de cette lettre pour vous inviter à découvrir ses créations sur Nomade Candle. A quelques milliers de kilomètre de là , c'est le nez et la bouche de rhums d'exception acquis pour certains depuis des années qui sont aujourd'hui, mis sur le marché. Jean-Michel est plus qu'un marchand, c'est un collectionneur, vous trouverez les disponibilités de ses produits d'exception sur Rhum Caraibes. | | Rendez-vous à la prochaine édition de la newsletter, après les vendanges, d'ici là , passez un excellent été. Retrouvez nous également lors de nos prochains évènements | | GAEC Le Clos de Vènes Sylvie & Christophe Jacquel 1, place de l'église 11700 Saint-Couat d'Aude christophe@closdevenes.com +33(0)4 68 32 29 82 | | | |