La DSI est l’une des premières fonctions concernées et impactées par l’empreinte numérique dans les entreprises, son niveau de sensibilisation est-il supérieur ?
J’aimerais vous dire oui, mais je constate sur le terrain que le niveau de conscience de l’impact environnemental et social du numérique est très faible, y compris dans les DSI, même si ce thème commence à émerger sur le plan médiatique, ce dont je me réjouis.
Et pourtant, s’il est vrai que les impacts majeurs se situent au niveau de la production des matériels (donc des industriels) et de leur fin de vie, les utilisateurs professionnels ont un vrai rôle à jouer. Il est urgent de sensibiliser et d’acculturer toutes les fonctions de nos entreprises à ce sujet, à commencer évidemment par les DSI.
Quels sont les leviers dont les DSI disposent ?
Le levier majeur réside je pense dans l’allongement de la durée de vie des équipements, qu’ils soient matériels, mais aussi logiciels. Le principal impact se situe au niveau d’un renouvellement trop fréquent de nos équipements informatiques, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, plutôt ceux des utilisateurs finaux (ordinateurs, tablettes, et aujourd’hui smartphones et objets connectés) que ceux des industriels (serveurs, etc.).
Il convient donc, au niveau des DSI, de mettre en place une véritable stratégie pour prolonger la durée de vie des équipements.
Comment faire ?
On pense « obsolescence programmée », mais la durée de vie de nos équipements est également dictée par la consommation des logiciels. Celle-ci recouvre par exemple les fonctionnalités sur-dimensionnées de ces logiciels consommatrices d’énergie et de ressources informatiques, qui usent et saturent les machines et induisent des renouvellements d’appareils, dont la mémoire et les capacités ne sont plus suffisantes.
La responsabilité numérique des DSI et la réduction de leur empreinte carbone passe ainsi par une plus grande sobriété logicielle. Il faut savoir qu’un pourcentage important des fonctionnalités demandées par les utilisateurs métier ne sont pas ou très peu utilisées.
Et à l’autre bout de la chaîne, peut-on intervenir sur le recyclage ?
Je parlerais plutôt au niveau des DSI de reconditionnement. Beaucoup peut être fait en effet pour reconditionner les matériels que les entreprises jugent moins performants, afin qu’ils soient utiles à d’autres (écoles, associations, voire même autres entreprises...).
Comment les conseils en SI peuvent-il aider à cette prise de conscience ?
Les conseils externes des entreprises en matière de systèmes d’information ont un rôle clé, celui de conseiller les DSI sur des développements plus agiles, sur un design thinking empreint d’une plus grande frugalité numérique, sur une ingénierie des exigences qui pousse à ne pas développer de fonctionnalités inutiles... Ceci peut concerner de nombreuses populations dans et autour des entreprises, en commençant par la sensibilisation des comex, et plus généralement toutes les fonctions impliquées dans la transformation digitales des entreprises.
Comment mesurer ces efforts ?
Il faut d’urgence que des indicateurs d’impacts environnementaux et sociaux soient intégrés dès le départ dans les référentiels et outils de conception et de développement logiciel, pour mesurer en amont l’impact RSE des choix fonctionnels et technologiques qui sont faits (y compris dans une approche cloud) ainsi que des bonnes pratiques mises en place.