Journal Allaitant n°6 Bourgogne-Franche-Comté

Pour être sûr de recevoir tous nos emails, ajoutez-nous à votre carnet d'adresses.
Si ce mail ne s'affiche pas correctement, suivez ce lien.

Mars 2024 - N°6

JOURNAL ALLAITANT

Quelles sont les bonnes pratiques de prévention et de biosécurité en élevage allaitant ?

 
 
 
 
 

La MHE (maladie hémorragique épizootique) est une maladie que les éleveurs du sud-ouest de la France ont découverte à l’été 2023. Elle était déjà arrivée en 2022 au sud de l’Espagne et a traversé ce pays en moins d’un an.

 

Ce virus a occasionné des pertes très conséquentes mais très variables selon les élevages. Une enquête a été conduite par GDS France pour évaluer l’impact de cette maladie dans les premiers départements touchés. La maladie a surtout touché les bovins de plus de 24 mois, et a touché au moins 13 % des animaux dans la moitié des élevages enquêtés. Finalement, plus de 20 % des élevages ont déploré au moins 1 animal mort.

 

Ces chiffres présentent une grande variabilité sans doute liée à l’intensité des populations de vecteurs qui peuvent varier en fonction des biotopes et de la météorologie qui influence grandement leur activité et leur multiplication.
 

 
 
 
 
 

Etienne Petit, directeur et vétérinaire conseil au GDS BFC 

Les double-clôtures sont une mesure de base pour éviter la transmission des maladies infectieuses qui se transmettent par contact direct (ex : BVD, IBR, Tuberculose...). Elles sont largement recommandées dans des situations à risque de voisinage important (voisinage d’un foyer) et lorsqu’il n’est pas possible d’éviter les périodes de pâturages mitoyens entre 2 élevages. Elles nécessitent toutefois un entretien régulier, notamment lorsqu’une des clôtures est électrique. Une haie épaisse et continue peut également jouer un rôle de barrière sanitaire entre deux parcs.


 


L’aménagement des points d’eau est aussi une mesure de protection des animaux et de la ressource en eau car il évite l’embourbement des points d’abreuvement. Ces zones humides fréquentées par les animaux facilitent la conservation et la dissémination d’agents infectieux et peuvent favoriser leur transmission avec la faune sauvage lorsque celle-ci y a accès. C’est ainsi que des éleveurs ont décidé d’aménager leurs points d’abreuvement, notamment dans les secteurs à risque tuberculose, afin de réduire les risques de contamination avec la faune sauvage. Il faut souligner que des traces ADN de l’agent de la tuberculose ont déjà été retrouvées dans le sol de ces zones humides.
 

 

De même, pour éviter de partager des microbes avec la faune sauvage, certains éleveurs surélèvent les points d’alimentation des vaches (cf. illustrations des blocs à lécher). En effet, il n’est pas rare de voir des cervidés ou des sangliers fréquenter ces sites d’alimentation, notamment lorsque les aliments sont à leur portée.

 


 
« La Dermatite Digitée (Maladie de Mortellaro) :
Cette maladie très connue en élevage laitier, est en train de devenir une vraie menace sanitaire, dans les ateliers d’engraissement. Avec des boiteries, perte de GMQ, et avec beaucoup de temps à soigner les animaux. 
L’introduction de tréponèmes « bactérie responsable de cette maladie », peut être évitée par des examens avant introduction des animaux porteurs, et l’utilisation d’un local de quarantaine, avant une introduction définitive dans le bâtiment d’engraissement »

Tawfik Gaoudi, vétérinaire Conseil FEDER

 

 
 
 
 

La biosécurité, quésaquo ? 

Depuis une quinzaine d’années, la biosécurité est un terme devenu à la mode, qui peut faire peur par sa résonnance technocratique et la crainte de nouvelles exigences réglementaires. Dans les faits, cette démarche ne fait que rassembler des mesures souvent déjà existantes qui relèvent du bon sens et de l’hygiène de base. Chaque éleveur pratique de la biosécurité dans son élevage, mais parfois avec un degré de conscience variable. L’enquête conduite par les vétérinaires lors de la visite sanitaire bovine en 2017 a montré que près d’un éleveur sur deux menait une action prioritaire de biosécurité dans la conduite de son élevage. 

 


Le concept de biosécurité apporte un intérêt, car il permet de raisonner et d’améliorer ses pratiques d’élevages à partir de principes très simples. En effet, elle peut se résumer comme étant l’ensemble des mesures qui évitent d’introduire un agent pathogène (virus, bactérie, parasite), de le diffuser au sein de l’exploitation et à l’extérieur de l’exploitation. Bref, elle invite à réfléchir à comment protéger son exploitation et celle des autres. 

Ces mesures sont très diverses : par exemple un contrôle d’introduction, une gestion raisonnée du pâturage, des doubles clôtures, une infirmerie, une vaccination, une désinfection sont toutes des mesures liées à la biosécurité.

Il faut donc chercher à avoir une vision globale de l’exploitation pour s’assurer de la cohérence et de l’efficacité des mesures entreprises et éventuellement identifier des failles. Chaque exploitation étant unique, il faut se livrer à une analyse au cas par cas et c’est le rôle des grilles d’autocontrôle ou des audits proposés aux éleveurs de les aider à balayer l’ensemble des points clés. Ces mesures, même très bien appliquées, ne peuvent prétendre apporter une sécurité absolue, mais elles permettent de réduire considérablement les risques de transmission d’agents pathogènes. Elles ont l’avantage d’être efficaces contre un large spectre de ces agents, et constituent donc un investissement rentable qui fait gagner de la sérénité aux éleveurs.

Cet article ne vise qu’à illustrer ce principe avec quelques cas particuliers chez des éleveurs allaitants, qui ont la spécificité de faire passer leurs bovins une majeure partie de l’année à l’extérieur, au contact du milieu naturel ou d’élevages voisins, ce qui n’est pas toujours sans risque sur le plan sanitaire.

 

Virus, bactéries, parasites et autres malfaiteurs sanitaires

Les agents pathogènes sont très nombreux et peuvent appartenir à des règnes très différents :

  • Les virus sont des microorganismes incapables de se développer en dehors des cellules des animaux qu’ils infectent. Ils pénètrent dans les cellules et les parasitent pour se multiplier et diffuser dans le reste de l’organisme. Les antibiotiques sont inefficaces contre ces agents. Ex : BVD, IBR, Coronavirus, PI3...
  • Les bactéries sont des êtres monocellulaires rudimentaires et peuvent survivre ou se multiplier dans des milieux variés (tube digestif, arbre respiratoire, peau,...). Elles peuvent être combattues par les antibiotiques qui peuvent les détruire ou les empêcher de se multiplier. Ex : salmonellose, pasteurellose, tuberculose, brucellose, leptospirose, colibacillose, listériose...
  • Les parasites sont très variés, parfois unicellulaires (protozoaires comme les coccidies, la besnoitiose, la piroplasmose) ou pluricellulaires, comme les vers (strongles, douves), les insectes, les acariens (gale, tiques). Leur cycle parasitaire est souvent très spécifique et les moyens de lutte également. 

A cela, on peut ajouter les champignons, responsables de maladies contagieuses (teigne) ou d’intoxinations très diverses.


Contre tous ces agents pathogènes, il n’existe pas de mesures universelles, et il est impossible d’avoir un programme de maîtrise propre à chacun d’entre eux. La biosécurité offre l’avantage d’apporter des protections souvent croisées entre plusieurs agents et de contribuer ainsi à limiter les risques de maladies contagieuses.

 
 
 
 
 
 
 
 

La MHE (maladie hémorragique épizootique) par Tawfi GAOUDI

Maladie vectorielle transmise par des moucherons (culicoides). La lutte contre cette maladie, repose sur l’utilisation de produits répulsifs, 2 à 3 fois pendant la période de mise à l’herbe. Cette prévention peut limiter la propagation de la maladie. 


L’épidémiologie et la propagation de cette maladie, dépendent beaucoup de la météo et notamment de la température et de la vitesse et direction des vents.

Lutter contre les vecteurs : un défi difficile en élevage, mais utile lors des déplacements d’animaux par Etienne PETIT

La lutte contre une maladie vectorielle comme la MHE ou la FCO peut passer théoriquement par une lutte contre les vecteurs. Malheureusement, lorsque ceux-ci sont très répandus comme les culicoïdes, c’est une mission quasi impossible. Aucun insecticide ne dispose réellement d’une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) qui démontrerait son efficacité absolue contre ces moucherons, notamment en milieu ouvert. Les insecticides, comme les pyréthrinoïdes ou les organochlorés restent néanmoins intéressants à utiliser lors de mouvements d’animaux pour limiter le risque de transport de vecteurs. L’utilisation de produits répulsifs comme l’ail qui a pu faire preuve d’un effet relatif sur des mouches n’a jamais démontré d'effet sur les culicoïdes qui sont des espèces très différentes. Sur cette question, les scientifiques concluent que la désinsectisation a une utilité ponctuelle (mouvement d’animaux ou protection juste avant un prélèvement pour réaliser une analyse de laboratoire, moyens de transport : rappelons que la désinsectisation des animaux et des véhicules est obligatoire lors des mouvements pour sortir des zones régulées). Cependant, les produits insecticides ne sont pas efficaces comme moyen de lutte collective car ils ne peuvent pas être utilisés de façon continue et régulière. 


La seule mesure de lutte contre les vecteurs reste alors la bonne gestion des effluents, des litières et des zones de stockage de matière organique aux plus près des animaux pour limiter les habitats favorables à la ponte et au développement des Culicoides immatures et ainsi contribuer à la réduction de l’abondance des populations adultes.

On peut aussi soustraire les animaux aux attaques des Culicoides pendant leur période d’activité (avant le coucher et jusqu’après le lever du soleil) en les confinant dans des lieux protégés par des moustiquaires.

 

Toutes ces mesures n’ont hélas qu’une efficacité relative, mais contribuent à réduire les risques et les charges infectieuses transmises par les moucherons.

 

Le plus efficace est de ne pas acheter la maladie


S’il est quasi impossible de lutter efficacement contre les vecteurs, la principale mesure de protection est d’éviter d’introduire des animaux porteurs des différents virus avant de les transporter. C’est l’objet des mesures réglementaires qui imposent un test virologique (PCR) négatif avant le départ des animaux issus des zones infectées (et dans un rayon de 150 km aux alentours des foyers). C’est le réflexe que devrait avoir tout éleveur de s’interroger sur le statut sanitaire des animaux qu’il introduit dans son cheptel. Il vaut mieux poser la question avant de faire partir les animaux.

 

Les vétérinaires et les GDS sont là pour conseiller les éleveurs sur ces risques.

 
 
 
 

RDV le jeudi 28 mars 2024, de 13h30 à 16h 30

Chez Julien DEMONGEOT à Blondefontaine (70)

4 ateliers techniques au programme !

 
 
 
 

Donnez-nous votre avis !

Cher lecteur,

 

Votre avis est crucial et votre satisfaction importante !

 

Pour nous permettre d'améliorer le Journal Allaitant et afin de mieux répondre à vos besoins, merci de prendre quelques minutes pour répondre à l'enquête de satisfaction en cliquant sur le bouton suivant.

 

Les réponses sont anonymes.

 
 
 
 

Grille d’autoévaluation du GDS en matière de biosécurité : 

Site du Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire :

 
 
 

 

Contacts :

Mickaël LARDENOIS - Chargé de mission Elevage - mickael.lardenois@bfc.chambagri.fr - 06 75 67 62 85

Chambre régionale d'agriculture Bourgogne-Franche-Comté

1 rue des Coulots - Maison de l'agriculture - 21110 BRETENIERE

Crédit Photos : ©Chambres d'agriculture BFC

 
Téléchargez les images
 
S'abonner | Engagements de confidentialité
 
Sendethic, le facilitateur du marketing en ligne.