A cause de leurs petites roues, les trottinettes crèvent davantage que tout autre type de véhicule. Comment s’en prémunir ? Peut-on réparer soi-même ?
Réponses d’Olivier Mignot, référent Mobilités douces pour l’assurance Wizzas.
Pourquoi tant de crevaisons sur les trottinettes ?
Il existe trois types de pneus pour trott’ électriques : les pleins, les tubeless et ceux à chambre à air. Cette troisième catégorie, de loin la plus courante, est confrontée à un double défi :
la surpression et la sous-pression.
La surpression ?
Oui, la trottinette c’est si simple que les utilisateurs ne font pas assez attention là où ils roulent. Or, il n’y a rien de pire pour une chambre à air que la surpression qui s’exerce au moment de taper un bord de trottoir ou un gros trou dans la chaussée. Phénomène encore plus marqué en été, car en raison du tout petit diamètre des roues, la bande de roulage au contact du sol est très limitée, et donc la chaleur du roulement augmente la pression.
C’est pour cela qu’il y a plus de crevaisons à la belle saison.
Et la sous-pression ?
C’est la deuxième cause de crevaison (après la pénétration) due au manque de surveillance des utilisateurs. Non seulement c’est dangereux – risque de chute dans un virage –, mais la bande intérieure du pneu n’étant plus au contact du sol qu’aux deux extrémités, il y a le risque qu’il s’affaisse. Cela peut provoquer un déchapage, c’est-à-dire qu’une partie de la chape intérieure s’arrache. Dans ce cas, les gens ne comprennent pas pourquoi ils ont crevé.
A quelle pression faut-il gonfler ?
Il faut se fier au manuel d’utilisation. Mais attention : étant souvent rédigés par les distributeurs et non les fabricants, il y a des erreurs. Ne dépassez jamais la mention inscrite sur le pneu, exprimée en psi, à convertir en Bar (1psi = 0,069 Bar environ et 1 Bar = 14,5 psi). La bonne pression dépend du diamètre de la roue. Pour du 8 pouces, il faut 3,5 à 4 Bars pour une personne de 75 kg, et ajouter ou enlever 0,1 Bar par tranches de 10kg. En été, mieux vaut légèrement sous-gonfler. Pour du 10 pouces : compter de 3 à 3,5 Bars.
Pour rouler sereinement et en toute sécurité, vérifiez la pression tous les 15 jours.
Pas d’entretien spécial ?
Beaucoup d’utilisateurs utilisent des kits préventifs, un produit vendu en bombe à injecter dans le pneu via la valve afin de créer une bande de prévention à l’intérieur. L’erreur classique est de trop en mettre : on va alors se retrouver avec des caillots et crever. Conseil : le produit se solidifiant rapidement au contact de l’oxygène, il faut rouler tout de suite pour bien le répartir.
C’est galère de réparer soi-même une crevaison ?
C’est tout à fait faisable, et peu d’outils suffisent (grosse clé plate, petite clé allen, démonte-pneu). Nombre de tutos en ligne décrivent parfaitement la marche à suivre. La vraie problématique concerne la roue motrice. Jante et moteur étant totalement imbriquées,
la moindre erreur peut se révéler fatale : si on flingue la jante, c’est fichu.
Ce n’est pas plus simple d’opter pour des pneus pleins ?
Si on veut totalement éviter les crevaisons, oui, mais c’est déconseillé : avec ces pneus durs et inconfortables, on se retrouve comme une boule de billard, avec risque de mal au dos,
voire perte de couple due au manque d’adhérence. Dans le genre, les modèles alvéolés ou ceux à crampons amovibles ont leurs fans…