« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. » La Fontaine
Chacun connaît dans son entourage professionnel quelqu’un qui sait tout sur tout. A la fois professionnel du service après-vente car c’était son précédent métier, spécialiste des questions financières puisque membre d’un club boursier, fin connaisseur de la grande distribution puisque sa femme y travaille, etc.
Comment le reconnaître ?
En général le faux expert revendique rarement une fonction réelle ou actuelle en rapport avec son expertise. On le reconnait car dans une vie antérieure, il a été spécialiste de tout sujet que vous abordez. Il commence ses phrases par : « je connais bien ce sujet car... ».
Quelle est son utilité ?
Son utilité est limitée puisqu’il ne connaît pas vraiment les sujets qu’il prétend maîtriser. Eventuellement, il vous sert de faire-valoir. Dès lors que son incompétence est mise à jour, votre compétence se trouve renforcée. En entretien, son utilité est encore plus limitée. En effet, il ne vous sert pas de faire-valoir auprès de quiconque.
En quoi est-il gênant ?
Le faux expert est gênant pour l’aura qu’il suscite –au moins dans un premier temps- auprès d’un public…facilement impressionnable. En général, il maîtrise relativement bien les techniques de prise de parole, parle fort, est doté d’une grande confiance en lui. Au départ, il suscite donc l’adhésion. Il faut donc du temps pour retourner la situation en votre faveur. En face-à-face, le faux expert est également sûr de lui et persuadé d’avoir raison. Il est donc difficile de le faire adhérer à votre point de vue.
Quelles sont les principales erreurs à éviter ?
Se montrer agressif ou méprisant est tentant mais pas souhaitable. En effet, il deviendra un interlocuteur négatif et donc plus difficile encore. Par ailleurs, si vous adoptez une attitude telle face à un groupe, c’est tout le groupe qui vous jugera agressif ou méprisant. L’impression demeurera et on oubliera ce qui a motivé votre réaction.
Comment le gérer ?
Très souvent, le faux expert amuse son entourage professionnel car il a été démasqué. Il est donc aisé de le laisser se ridiculiser seul.
Le talon d’Achille du faux expert
Si vraiment l’auditoire se laisse séduire par son discours, vous pouvez toujours l’interroger sur ses sources. Il est extrêmement rare qu’elles soient solides. Par exemple, si le faux expert exprime son avis (manifestement contestable) sur un point juridique d’un contrat, arguant du fait que sa femme travaille dans un cabinet d’avocat, vous pouvez lui demander ce qu’elle y fait exactement. Peut-être est-elle chargée de communication ou secrétaire, mais en tout cas pas spécialiste du droit des contrats. Peut-être également pouvez-vous l’interroger sur l’origine de ses propres connaissances juridiques. A-t-il fait des études de droit ou travaillé dans un département juridique par le passé ? Vraisemblablement pas.
Extrait avec délectation de Gérer les personnalités difficiles au bureau (Editions Maxima)
L'auteure : Sandrine Weisz est journaliste en télévision et presse écrite et animatrice de séminaires.
