Bonjour, On ne badine pas avec l’amour, célèbre pièce de théâtre d’Alfred de Musset, malmène ses personnages dans les méandres de l’amour, et ce depuis 1838.
| | | | | Bonjour, On ne badine pas avec l’amour, célèbre pièce de théâtre d’Alfred de Musset, malmène ses personnages dans les méandres de l’amour, et ce depuis 1838.
| | | | | Episode 1 | | Écrite après la terrible rupture amoureuse d’entre Alfred de Musset et Georges Sand, la pièce reprend en partie leurs derniers et douloureux échanges épistolaires, notamment à la fin du deuxième acte : Perdican tente éperdument de persuader Camille, son aimée de toujours, de ne pas repartir au couvent, au sacrifice de leur mariage. Il aura ces mots intenses, leçon universelle de toute une vie. | | | | | « PERDICAN Il y a deux cents femmes dans ton monastère, et la plupart ont au fond du cœur des blessures profondes ; elles te les ont fait toucher, et elles ont coloré ta pensée virginale des gouttes de leur sang. Elles ont vécu, n’est-ce pas ? Et elles t’ont montré avec horreur la route de leur vie ; tu t’es signée devant leurs cicatrices comme devant les plaies de Jésus ; elles t’ont fait une place dans leurs processions lugubres, et tu te serres contre ces corps décharnés avec une crainte religieuse, lorsque tu vois passer un homme. Es-tu sûre que si l’homme qui passe était celui qui les a trompées, celui pour qui elles pleurent et elles souffrent, celui qu’elles maudissent en priant Dieu, es-tu sûre qu’en le voyant elles ne briseraient pas leurs chaînes pour courir à leurs malheurs passés, et pour presser leurs poitrines sanglantes sur le poignard qui les a meurtries ? Ô mon enfant ! sais-tu les rêves de ces femmes qui te disent de ne pas rêver ? Sais-tu quel nom elles murmurent quand les sanglots qui sortent de leurs lèvres font trembler l’hostie qu’on leur présente ? Elles qui s’assoient près de toi avec leurs têtes branlantes pour verser dans ton oreille leur vieillesse flétrie, elles qui sonnent dans les ruines de ta jeunesse le tocsin de leur désespoir et font sentir à ton sang vermeil la fraîcheur de leurs tombes ; sais-tu qui elles sont ?
CAMILLE Vous me faites peur ; la colère vous prend aussi.
PERDICAN Sais-tu ce que c’est que des nonnes, malheureuse fille ? Elles qui te représentent l’amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu’il y a pis encore, le mensonge de l’amour divin ? Savent-elles que c’est un crime qu’elles font de venir chuchoter à une vierge des paroles de femme ? Ah ! comme elles t’ont fait la leçon ! Comme j’avais prévu tout cela quand tu t’es arrêtée devant le portrait de notre vieille tante ! Tu voulais partir sans me serrer la main ; tu ne voulais revoir ni ce bois, ni cette pauvre petite fontaine qui nous regarde tout en larmes ; tu reniais les jours de ton enfance et le masque de plâtre que les nonnes t’ont placé sur les joues me refusait un baiser de frère ; mais ton cœur a battu ; il a oublié sa leçon, lui qui ne sait pas lire, et tu es revenue t’asseoir sur l’herbe où nous voilà. Eh bien ! Camille, ces femmes ont bien parlé ; elles t’ont mise dans le vrai chemin ; il pourra m’en coûter le bonheur de ma vie ; mais dis-leur cela de ma part : le ciel n’est pas pour elles.
CAMILLE Ni pour moi, n’est-ce pas ?
PERDICAN Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : “J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.” (Il sort.) » Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour, acte II, scène 5 (1834) | | | | | | | | En 2014, plus de 240 000 mariages ont été célébrés en France mais depuis 1996, le taux de divorce a connu une augmentation de 12 %.
| | Alfred de Musset (1810-1857) | | Alfred de Musset est considéré comme l’un des plus grands poètes et écrivains romantiques français. Tourmenté et passionné, dandy et débauché, sa vie est marquée par sa liaison « plus ardente que l’amour » avec Georges Sand, son entrée remarquée à l’Académie Française en 1852, et sa mort, à 46 ans, dans un demi-anonymat. | | Alphonse de Lamartine, Prosper Mérimée, Alfred de Vigny et Théophile Gautier assistent à son enterrement au cimetière du Père-Lachaise. Sa mère ne sera prévenue de sa mort qu’après ses funérailles. | | Un extrait choisi avec amour par Michael Roch. | | Michael Roch est un jeune écrivain de science-fiction publié aux éditions Walrus, célèbres sur internet pour leurs romans Pulp. En 2017, il publie Moi, Peter Pan, aux éditions du Peuple de Mü, dans lequel il revisite le conte de James M. Barrie. Michael Roch est également chroniqueur et l’un des prescripteurs les plus suivis des littératures de l’Imaginaire via la chaîne YouTube qu’il a co-créée : La Brigade du Livre. Retrouvez-le sur sa chaîne Youtube. | | | | | C’est tout pour aujourd’hui ! Vous pouvez retourner badiner à d’autres littératures… | | | | | Plus qu’un carnet, le bullet journal est un système d’organisation et de gestion de tâches. Il permet d’améliorer sa productivité, d’éviter la procrastination et d’être plus organisé. L’index et les pages numérotées permettent une utilisation facile et logique de votre carnet, et sa petite taille, de l’emmener partout avec vous.
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