Bonjour, Nous débutons notre périple avec Céline. L'épisode 1 est consacré à l'homme... | | | | | Bonjour, Nous débutons notre périple avec Céline. L'épisode 1 est consacré à l'homme... | | | | | 2 fois par mois · #vibrer | | | | | Episode 1 
Céline : Le poète épique du malheur de vivre | | | | | Episode 1
| | Le poète épique du malheur de vivre | | « C’est le poète épique du malheur de vivre. Certes, en abordant ses livres, qu’on laisse toute espérance, comme au seuil de l’enfer. Il voit noir, il rit noir. [...] un râleur grandiose, animé d’une perpétuelle, d’une admirable rancune contre les hommes parce qu’ils sont ce qu’ils sont. » Georges Altman | | | « Céline, lui, fut toujours seul ; ce n’est pas un médiéval qui a la nostalgie du XIIIe siècle, c’est un homme moderne, dans la solitude des foules, puis des guerres, puis des migrations. Il n’a pas d’ancêtres, ne se réclame ni de Bloy, ni de Péguy, ni de Drumont. Il n’a pas d’amis, sur terre ni au ciel. » Paul Morand | | | | | « Céline ne peint pas la réalité mais les hallucinations que cette réalité suscite. » André Gide | | Le cavalier Louis-Ferdinand Destouches en 1912 | | Céline à l'époque de Londres | | | Louis-Ferdinand Destouches dit Céline (1894-1961) est considéré comme l’un des écrivains majeurs du XXe siècle. Il a vingt ans quand la Première Guerre mondiale éclate, il en revient blessé gravement à la tête mais auréolé de gloire. En réaction, il écrit Voyage au bout de la nuit en 1932 sous le pseudonyme Céline. Grâce à une écriture d’une férocité aiguë, il restitue l’émotion vécue et bouleverse la littérature. Il épouse Lucette Almansor en 1943, danseuse qui l’accompagnera tout au long de sa vie et partagera inconditionnellement ses épreuves. | | | | | Médecin aux idées largement antisémites, il quitte la France pour l’Allemagne en 1944, séjourne à Sigmaringen, puis rejoint le Danemark en 1945. Il est condamné en 1950 à l’indignité nationale et à la confiscation de ses biens avant d’être finalement amnistié en 1951. Il meurt en 1961 à Meudon. | | | | | | | | « Quand nous serons devenus moraux tout à fait au sens où nos civilisations l’entendent et le désirent et bientôt l’exigeront, je crois que nous finirons par éclater tout à fait aussi de méchanceté. On ne nous aura laissé pour nous distraire que l’instinct de destruction. C’est lui qu’on cultive dès l’école et qu’on entretient tout au long de ce qu’on intitule encore : la vie. Neuf lignes de crimes, une d’ennui. Nous périrons tous en chœur, avec plaisir en somme, dans un monde que nous aurons mis cinquante siècles à barbeler de contraintes et d’angoisses. » Extrait de Hommage à Zola
| | « Pauvre banlieue parisienne, paillasson devant la ville où chacun s’essuie les pieds, crache un bon coup, passe, qui songe à elle ? Personne. Abrutie d’usines, gavée d’épandages, dépecée, en loques, ce n’est plus qu’une terre sans âme, un camp de travail maudit, où le sourire est inutile, la peine perdue, terne la souffrance, Paris « le cœur de la France », quelle chanson ! quelle publicité ! La banlieue tout autour qui crève ! » Extrait de Bezons à travers les âges
| | J. D. – Quand est-ce que vous avez été heureux, dans votre vie ? « Ben foutrement jamais, je crois, parce que, faudrait que, en vieillissant, j’crois que si on me donnait beaucoup de pognon pour être tranquille – j’aimerais bien ça – ça me permettrait de me retirer et de m’en aller quelque part, pour ne rien foutre et puis, regarder les autres... Le bonheur, être tout seul au bord de la mer et puis qu’on me laisse tranquille. Et manger très peu, oh, là... presque rien... Une bougie. Je vivrais pas avec l’électricité et des machins... Une bougie ! Une bougie, et puis, je lirais le journal... » Extrait d’un entretien avec Jacques Darribehaude en 1962 | | | | | | | | Une escale de votre voyage littéraire à partager : | | | | | | | | En 1932 le Goncourt échappa à Céline | | Lucien Descaves avait été le premier à défendre Le Voyage, dès sa parution en 1932, et à vouloir l’imposer aux autres membres du Prix Goncourt. « J’étais encore tout vibrant de la lecture du Voyage au bout de la Nuit. Je fis venir Céline, entre la réunion préparatoire et l’attribution du Prix Goncourt, pour lui dire : "Il est fort probable, cher Monsieur, que je serai le seul à voter pour vous". Je me trompais. Je ne prévoyais pas que Léon Daudet et Jean Ajalbert, avec lesquels je ne correspondais pas, se déclareraient de leur côté partisans du livre qui avait mon suffrage indépendant. » Quand le prix fut décerné à Guy Mazeline pour les Loups, Lucien Descaves partit en claquant la porte. | | | Couverture de la première édition | | | | | En septembre 1944 à Sigmaringen | | Dès septembre 1944, en Forêt Noire, une petite ville Allemande, Sigmaringen, voit arriver le gouvernement de Vichy avec le Maréchal Pétain, avec deux mille français dont Céline, qui exercera son métier de médecin. Cette expérience est racontée dans D’un château, l’autre (1957) où l’ensemble de saynètes et de descriptions singulières renforce l'idée de chaos inhérent à la débâcle des derniers fidèles de la France collaborationniste. | | | | | Départ vers le Danemark et l'incarcération | | Céline, fuyant l’Allemagne, gagne le Danemark en 1945. Il se réfugie à Copenhague avec sa femme et son chat Bébert dans l’appartement d’une de leurs amies, Madame Jensen. Après quelques mois de clandestinité, ils sont dénoncés et le Représentant de France au Danemark intervient pour demander leur extradition. Sur ce, les deux inculpés sont incarcérés à la Vesterfangsel, pendant dix-huit mois. Libéré, il se réfugie dans une chaumière, à une cinquantaine de kilomètres de Copenhague, près de Korsor. | | | Le « Vesterfangsel », prison de Copenhague où Céline fut incarcéré Photo Leif Nielsen. | | | | | « Le Danemark, explique-t-il, est le seul pays au monde où un étranger n’a légalement aucun droit. Lui, Céline, a été retenu en prison pendant quinze mois sans avoir été une seule fois convoqué devant le juge. Mais il semble croire que, pour mauvais que soit le système, il lui doit peut-être son salut, la police n’ayant de comptes à rendre à personne. Comment aurait-il pu espérer faire comprendre son cas à un jury d’épais bourgeois, dont la plupart tiennent, pour commencer, les poètes en suspicion, n’entendent aucun bruit dans leur crâne et dorment toutes les nuits à poings fermés. » Extrait de Rencontre à Copenhague, de Milton Hindus | | « La lecture de l’acte d’accusation qui comportait nécessairement un choix important de textes extraits des ouvrages de polémique de Louis-Ferdinand Céline provoqua dans le prétoire une hilarité générale. La preuve était faite qu’en dépit de la conspiration du silence, les écrits de Céline n’avaient rien perdu de leur virulence ni de leur force comique. [...] Céline a connu toute sa vie le déchirement et la rage de celui dont le cœur est trop plein pour une tête trop lucide. » Témoignage de Pierre Monnier | | | Céline à Meudon en avril 1957. Photo Michel Bernard. | | | | | 
Extrait avec soin du Cahier Céline (1963, 1965), dirigé par Dominique de Roux, Michel Beaujour et Michel Thélia. Maison d’édition exigeante, L’Herne édite notamment les mythiques Cahiers de L’Herne depuis 65 ans, monographies au format unique des grands auteurs du XXème siècle | | | | | | | | | | | Une escale de votre voyage littéraire à partager : | | | | | | | | La semaine prochaine : Céline écrivain ! "Non l’argot ne se fait pas avec un glossaire, mais avec des images nées de la haine, c’est la haine qui fait l’argot. L’argot est fait pour exprimer les sentiments vrais de la misère. [...] L’argot est fait pour permettre à l’ouvrier de dire à son patron qu’il déteste : tu vis bien et moi mal, tu m’exploites et roules dans une grosse voiture, je vais te crever..."
Extrait de L’argot est né de la haine
| | | | |  Ce Voyage dans la littérature est aussi une découverte de la maison d’éditions L’Herne et de sa mythique collection Les Cahiers de L’Herne. Sans eux, cette série ne serait pas. | | | | | Sans eux, cette série ne serait pas. | | | | | | | | | |
