Bonjour,
 
Au fait on espère que ça ne te dérange pas mais le tutoiement sera de rigueur chez nous. Pour t'accueillir nous te proposons d'être le témoin privilégié de l'initiation familiale d'une délicieuse jeune personne. Rentre doucement...
5 à 7 imaginaire le jeudi #vibrer
LE BOUDOIR
À ce moment, je crus être fendue en deux

[...]Ma tante se releva aussitôt, me couvrit de baisers brûlants, tandis que le moine liait mes mains et plaçait un bandeau sur mes yeux. Que vous dirai-je, enfin ! Mon supplice recommença plus terrible. Engourdie bientôt par la douleur, j’étais sans mouvement, je ne sentais plus. Seulement, à travers le bruit de mes coups, j’entendais confusément des cris, des éclats, des mains frappant sur des chairs. C’étaient aussi des rires insensés, rires nerveux, convulsifs, 26 précurseurs de la joie des sens. Par moments, la voix de ma tante, qui râlait de volupté, dominait cette harmonie étrange, ce concert d’orgie, cette saturnale de sang. Plus tard, j’ai compris que le spectacle de mon supplice servait à réveiller des désirs ; chacun de mes soupirs étouffés provoquait un élan de volupté.

Lassé sans doute, mon bourreau avait fini. Toujours immobile, j’étais dans l’épouvante, résignée à mourir, et cependant, à mesure que l’usage de mes sens revenait, j’éprouvais une démangeaison singulière ; mon corps frémissait, était en feu. Je m’agitais lubriquement, comme pour satisfaire un désir insatiable. Tout à coup, deux bras nerveux m’enlacèrent ; je ne savais quoi de chaud, de tendu, vint battre mes fesses, se glisser plus bas et me pénétrer subitement. À ce moment, je crus être fendue en deux. Je poussai un cri affreux, que couvrirent aussitôt des éclats de rire. Deux ou trois secousses terribles achevèrent d’introduire en entier le rude fléau qui m’abîmait. Mes cuisses saignantes se collaient aux cuisses de mon adversaire ; il me semblait que nos chairs s’entremêlaient pour se fondre en un seul corps. Toutes mes veines étaient gonflées, mes nerfs tendus. Le frottement vigoureux que je subissais, et qui s’opérait avec une incroyable agilité, m’échauffa tellement, que je crus avoir reçu un fer rouge.

Je tombai bientôt dans l’extase ; je me vis au ciel. Une liqueur visqueuse et brûlante vint m’inonder rapidement, pénétra jusqu’à mes os, chatouilla jusqu’à la moelle... Oh ! c’était trop ! Je fondais comme une lave ardente...

Extrait de Gamiani ou deux nuits d'excès d'Alfred de Musset (publié anonymement en 1833)

Alfred de Musset est un poète et dramaturge français né 11 décembre 1810 et décédé le 2 mai 1857 à Paris. Il est l'une des grandes plumes du romantisme français avec des pièces comme On ne badine pas avec l'amour ou Lorenzacio. Sa liaison tumultueuse avec George Sand et sa vie très peu rangée ont contribué à faire dire de lui qu'il est sans doute le premier libertin de la littérature française. Musset à longtemps réfuté être l'auteur de Gamiani, une œuvre de jeunesse. C'est l'ouvrage licencieux le plus réimprimé, on comptait pas moins de 40 rééditions en 1930 (hors traductions). Ce livre est né d'un pari fait par l'auteur d'écrire en trois jours un récit extrêmement pornographique sans jamais utiliser le moindre mot grossier.

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CD, BD, poche, texte illustré…

Gamiani éveille les romantiques
NB : la FNAC assure une livraison discrète

 
« Ne suivez pas l'office sur un exemplaire de Gamiani, surtout s'il est illustré » Pierre Louÿs

Nous doutons que tu ailles bien souvent à l'office. Mais nous savons désormais que tu aimes la lecture dans toutes les positions. A la prochaine.
 
Illustration : Photo dénichée sur la National Gallery of Art
Chaque jeudi Le Boudoir vous invite à un 5 à 7 imaginaire délectable. Débutez agréablement votre soirée avec un extrait érotique puisé dans la littérature mondiale. NDLR : vérifier avant consultation que vous avez bien terminé vos travaux urgents.
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