Haut-Karabakh : un an après, Liana nous raconte son exil douloureux avec sa famille
Liana, son mari et leurs trois enfants ont fui le Haut-Karabakh fin septembre 2023, tombé sous le contrôle de l’Azerbaïdjan. La maman de 39 ans nous parle, dans cet article, de la guerre, de l’exil, de leurs difficultés à reprendre le dessus.
« Nous essayons de nous recréer des moments de joie, mais c’est dur… très dur. » Liana, son mari et ses trois enfants ont fui le Haut-Karabakh le 25 septembre 2023, six jours après l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan dans cette enclave. Laissant tout derrière eux. « Quand la guerre a commencé, c’était le matin. Nos enfants, aujourd’hui âgés de 14, 17 et 21 ans, n’étaient pas chez nous. Nous les avons cherchés toute la journée dans Stepanakert et retrouvés seulement le soir vers minuit. Ça a été tellement éprouvant, terrifiant. Nous pensions que nous n’allions pas réussir à nous en sortir. »
La fuite vers l’Arménie, une épreuve douloureuse
Vient ensuite l’exode vers l’Arménie. Quatre jours d’embouteillages, d’attente à bord de leur véhicule, sans rien, « seulement de l’eau », pour parcourir les 100 kilomètres qui les séparent de Goris. « Une épreuve douloureuse pour mes enfants. La faim les faisait souffrir. » Passée la frontière, la famille est prise en charge rapidement malgré le nombre de déplacés (100 000 en quelques jours dont 30 000 enfants). « Nous avons été bien accueillis, se souvient Liana, reconnaissante. On nous a donné à manger, payé l’essence… Et, après quelques jours passés à l’hôtel dans une petite ville du sud, l’État nous a proposé deux logements dont un à Gyumri. C’est comme ça que nous sommes arrivés dans cette région. Notre loyer est pris en charge, nos enfants sont scolarisés à l’université ou dans le secondaire. Arevamanuk m’a aussi aidée à retrouver un travail de coiffeuse et m’a accompagnée sur le plan psychologique, tout comme l’une de mes filles qui n’allait pas bien. »
Une reconstruction difficile
Malgré cela, un an plus tard, Liana ne cache pas la difficulté pour sa famille, notamment pour elle et son mari, à reprendre le dessus. « Le choc a été tellement brutal pour tous les déplacés, explique Armine Gmyur, psychologue au sein d’Arevamanuk, partenaire du BICE. La perte soudaine de leur maison, de leur terre, de leur chat ou leur chien qu’ils ont dû laisser derrière eux, l’exode… et, pour certains, la mort d’un proche. Alors, même si sur le plan matériel, ça va à peu près, la plupart des personnes que nous accompagnons peinent à surmonter le traumatisme vécu. »
D’autant que cet événement douloureux n’est pas le seul que les Arméniens du Haut-Karabakh ont enduré ces dernières années...