Journal Allaitant n°1 Bourgogne-Franche-Comté

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Avril 2023 - N°1

JOURNAL ALLAITANT

Pratique du pâturage tournant

pour l'élevage ou l'engraissement

 
 
 
EDITO
 

En tant qu’éleveur, nous cherchons en permanence des idées ou des conseils pour améliorer nos savoir-faire dans nos élevages au quotidien. Remettre à jour nos connaissances, en approcher de nouvelles, tel est le défi que nous nous lançons.


C'est dans ce cadre que les représentants de la filière ont décidé de lancer, ensemble, le « Journal Allaitant », qui doit vous servir, et vous accompagner, très concrètement. Deux objectifs essentiels et complémentaires guident notre action : assurer une juste rémunération des éleveurs, et préserver le capital « élevage » de Bourgogne-Franche-Comté en conservant le plus grand nombre d’actifs dans nos territoires.


Toutes les 8 semaines, à partir de témoignages concrets, des résultats d’essais, des pratiques reconnues vous recevrez un nouvel exemplaire qui, au fil des saisons, traitera de nouveaux sujets afin de vous apporter des leviers d’adaptation utiles pour vos exploitations.


Ce premier numéro aborde le pâturage tournant.


D’autres thèmes seront abordés tels que :

  • La quête d'autonomie pour alimenter le troupeau.
  • Les stratégies gagnantes au niveau des périodes de vêlage.
  • La contractualisation et l’adaptation des animaux vendus aux besoins du marché/nouveaux modes de consommation.
  • L’économie et la maîtrise des coûts de production/mécanisation.

Et ce ne sont que quelques exemples non exhaustifs.


Les équipes techniques sur le terrain, qui sont à vos cotés tous les jours, sont disponibles pour vous accompagner dans l’appropriation de ce qui vous est proposé dans ce nouvel outil de communication régional.

 

Didier Ramet, Président du COR Elevage

de la Chambre régionale d'agriculture

 

Co-construction : 

Réseau des chambres d'agriculture BFC, ALSONI, JA BFC, FRSEA BFC,

Institut de l'élevage - IDELE, INTERBEV, INOSYS - Réseaux d'élevage, FEDER,

Ferm'Inov, SICAREV Coop, Préfecture de BFC, DRAAF BFC

 
 
 
 

Contexte 

 

 

Le terme pâturage continu est utilisé lorsqu'un lot d'animaux reste sur la même parcelle durant toute la saison de pâturage. A l'inverse, le pâturage tournant vise à découper une parcelle en plusieurs îlots et à y mettre en place la rotation des animaux. 
Le pâturage continu qui est la méthode la plus répandue créé souvent du gaspillage, du tri des espèces herbagères et une moindre qualité de l'herbe consommée.  
Au contraire, un pâturage technique permet de favoriser les espèces fourragères d'intérêt, de les pâturer au bon stade, de favoriser la repousse et de reporter cette production en période de déficit soit par le pâturage soit par l’affourragement. Au global l'utilisation de cette technique permet d'augmenter la productivité de la prairie de 15 à 20 % et ainsi de sécuriser les stocks fourragers et d’améliorer la croissance des animaux pâturant (cf. essai de la ferme des Etablières).
L’évolution climatique permet depuis quelques années de reprendre le pâturage tournant à l’automne, ceci valorise les aménagements réalisés. 

A chacun son rythme

 

Cette technique est adaptable en fonction des contraintes de chacun (plus on avance dans la technicité, plus le gain est significatif) et permet d’allouer environ 3 UGB/ha au printemps. Il est important d’évoluer progressivement et ne pas passer l’ensemble de son parcellaire en pâturage tournant dès la première année. 


Méthode de base :

Chaque lot doit avoir au moins 3 parcelles. Les animaux tournent chaque semaine. Les parcelles peuvent être recoupées en cas d’excès d’herbe pour être enrubannées par exemple. 


Méthode intermédiaire :

Chaque lot doit avoir 6 parcelles. Les animaux tournent environ tous les 5 jours. Des parcelles sont débrayées pour la fauche lors de la forte pousse du printemps. 


Méthode dynamique :

Chaque lot dispose de 20 parcelles environ. Les animaux évoluent sur les paddocks tous les jours lors de la tournée matinale de surveillance. 

 
 
 
 

Cliquez sur la vidéo pour découvrir des témoignages d'éleveurs qui ont mis en place du pâturage tournant pour engraisser des lots d'animaux.

Engraissement à l'herbe - Témoignage de Jean-Marie VINCENT
 
 
 
 

Le seul indicateur pour piloter le pâturage doit être la hauteur d’herbe. Cela évite de se faire dépasser ou de surpâturer.

 

Indicateurs

 

Hauteur d’entrée

8-12 cm

Hauteur de sortie

5 cm

Durée de rotation

21-28 jours

Stock sur pied

1 cm = 250 Kg de MS /ha

Besoin des animaux

20 Kg de  MS/ vache+veau

Ca fonctione ! 2 exemples concrets 

 

Un lot de broutards charolais, nés à l’automne et conduits sous la mère en pâturage tournant à 5 parcelles a réalisé un GMQ de 1600 g/j entre avril et mi-juin 2021 sans concentré dans des conditions de pâturage printanières optimales (FERM’INOV, ferme de Jalogny, 2021)


Une parcelle de 6 ha qui nourrissait habituellement un lot de laitonnes sur le printemps a permis de stocker 3 tonnes de foin de qualité en plus depuis qu’elle a été découpée en  5 et conduite en pâturage tournant. 

 
 
 
 

Pâturage tournant : tentez l’expérience !

 

Exemple concret sur un lot de 18 laitonnes habituellement conduites sur 6 ha


Mise en place du pâturage :

  • 18 laitonnes sur 4 ha (au lieu de  6 ha) soit 0,37 ares/UGB
  • Découpe de la parcelle en 6 paddocks de 0,66 ha
  • Temps de présence par paddock : 4-5 jours
  • Rotation prévue : 24 à 30 j

Besoins en herbe pour 18 laitonnes de 400 kg :
18 X 0,6 UGB 
= 10,8 UGB X 15 Kg MS/UGB/J 
= 162 kg MS/J pendant 5J = 810 kg MS

 

Quantité d’herbe nécessaire :
1 cm d’herbe = 250 Kg MS/ha soit 165 kg MS par paddock
Si entrée des animaux à 10 cm et sortie à 5 cm (respect du cycle de l’herbe) alors on a en stock 825 kg MS d’herbe par paddock

 

Comment je pilote ma rotation en fonction de la pousse d’herbe ?


Hypothèse 1 : la pousse d’herbe est lente
Les animaux avancent sur les paddocks selon la rotation établie initialement jusqu’au paddock 6 si besoin tout en respectant le cycle de l’herbe (repos minimum de 21 j et pâturage < 5 cm proscrit)
=> Je nourris mes animaux avec un chargement plus élevé qu’habituellement sans pénaliser mes parcelles.

 

Hypothèse 2 : la pousse d’herbe est forte
Il sera nécessaire de revenir à la parcelle initiale (n°1) si la hauteur d’herbe dépasse 12 cm.
Les parcelles restantes seront dites « débrayées ».

2 solutions :


1. Je garde un stock sur pied sur les parcelles débrayées afin de les ouvrir lorsque la pousse ralentira ou s’arrêtera 

  • J’évite ou retarde un affouragement
  • Les parcelles initiales ne sont pas surpâturées : on respecte le cycle de l’herbe

2. Je récolte les parcelles « débrayées » (ensilage, enrubannage ou foin selon la période)


Si 2 paddocks sont débrayés alors :


2 X 0,66 ha = 1,32 ha à récolter en plus soit potentiellement 15 à 20 bottes de 350 kg MS.

En plus, j’effectue la récolte des 2 ha pâturés habituellement soit potentiellement 25 à 30 bottes de 350 Kg MS. Ensuite, je peux étendre le pâturage tournant afin d’allonger les rotations en période estivale.
Au total, je peux récolter 15 à 50 bottes de fourrage supplémentaire selon la pousse d’herbe tout en respectant le cycle de l’herbe gage de productivité et de qualité pour les périodes suivantes.

Globalement, la durée de pâturage est allongée lorsque la pousse d’herbe ralentie. Elle permet de préserver les parcelles tant en productivité qu’en qualité ce qui permet d’assurer des performances des animaux pâturant. 

 
 
 
 

 

Contacts :

Claire LASSAUGE - Chargée de mission Elevage - claire.lassauge@bfc.chambagri.fr - 06 75 67 62 85

 

Chambre régionale d'agriculture Bourgogne-Franche-Comté

1 rue des Coulots - Maison de l'agriculture - 21110 BRETENIERE

 

Crédit Photos : ©Chambres d'agriculture BFC

 
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