Depuis le début de son enquête
1 en 2012, l’URPS a recensé 1080 cabinets de groupe en Ile-de France. Quatre-vingt pour cent d’entre eux se déclarent fragilisés selon l’expression même de leurs gérants. Situation avérée par la fermeture accélérée de cabinets de groupe ces douze derniers mois dans les départements franciliens.
Dans une monographie
1 présentée le 22 mai à l’occasion de son Colloque
« Réalités et Perspectives des Cabinets de Groupe en Ile-de-France », l’URPS médecins a démontré l’équation économique insoluble des cabinets regroupant des professionnels de santé libéraux.
Cette monographie, sur un panel représentatif de 30 cabinets, illustre parfaitement l’état des lieux :
- le décrochage continu entre les charges et la valorisation des actes des professionnels de santé aboutit à une paupérisation des cabinets de groupe et a pour conséquence l’impossibilité de supporter un loyer francilien, le sous dimensionnement de l’accueil des patients jusqu’au licenciement des secrétaires, le non investissement dans les systèmes d’information…
- la nécessité de travailler plus pour payer plus et couvrir les charges de leur outil de travail entraine les médecins libéraux à dépasser les 60 heures de travail hebdomadaires.
- le non renouvellement des équipes a des effets catastrophiques sur les équilibres des cabinets de groupes qui se retrouvent à assumer les charges des sortants jusqu’à la situation de fermeture.
L’équation est simple. Selon les estimations de l’URPS
3, la seule contribution des médecins, quelle que soit leur spécialité ou leur secteur conventionnel, ne peut plus suffire à couvrir les frais d’un exercice regroupé moderne répondant aux exigences sociétales.
Sur un cas concret d’un cabinet regroupant une vingtaine de professionnels de santé pour une desserte de soins de 10 000 habitants, il manque 250 000 € annuellement pour atteindre des frais de fonctionnement globaux estimés à 700 000 €.
Le rapprochement de l’étude URPS avec celle réalisée en 2012 par l’ARS Ile-de-France sur 30 centres de santé franciliens alimente la réflexion économique de ce dossier. Dans cette enquête, les centres de santé bénéficient de 10 fois plus de personnel administratif que les cabinets de groupe libéraux et n’ont pas de charge foncière (étant majoritairement gracieusement hébergés par les municipalités qui les gèrent), alors que ces deux postes représentent les trois quarts des charges des cabinets de groupe libéraux.
A l’heure où la CNAM engage parallèlement les négociations avec les centres de santé et les syndicats des professionnels de santé libéraux pour définir le financement de l’exercice collectif, l’URPS interpelle l’Agence régionale de santé et le Ministère sur la situation économique inquiétante des cabinets de groupe existants et demande une égalité de traitement.
Au-delà de ce cri d’alarme, l’URPS souhaite s’inscrire dans le soutien et le développement de ces exercices collectifs, qu’elle juge utiles et pertinents pour répondre aux attentes des patients et aux exigences de la société.
L’URPS propose plusieurs pistes :
- Un immobilier à loyer modéré hors marché aux normes handicapés : 120 € TTC au m².
- Une dotation forfaitaire structure au travers d’un CPOM tripartite collectivités / financeurs / cabinets de groupe : avec un modèle de tarification administrative au passage de 2 € par prise en charge.
- Voire même une participation directe des patients qui paieraient la qualité d’une prise en charge de proximité.
L’URPS appelle à la création urgente d’un fonds de modernisation de l’offre de soins de proximité permettant d’assumer des objectifs attendus et partagés par tous soignants et soignés, et de couvrir les investissements et le fonctionnement indispensables à ces structures, quel que soit leur statut, public ou privé.
Face à ces propositions, les réponses des pouvoirs publics restent balbutiantes et sans réelle volonté politique et financière.